Type de jeu
Véritable guide spirituel qui a inspiré toute une génération de pseudo-justiciers des rues… depuis leur canapé.
Premier contact
Au début des nineties, si tu n’étais pas accro à au moins trois Beat’em All en même temps, c’est que tu vivais sur une autre planète dans ta tête. Il y en avait partout ! Final Fight, Double Dragon et plein d’autres… Golden Axe, j’y jouais sur l’Atari de mon pote de CP, mais aussi chez un autre gars qui avait une Mega Drive comme moi. Un jour que j’entrais dans sa salle télé, Conan et Xena avaient été remplacés sur l’écran par deux jeunes bagarreurs en pantalon de cuir moulant. Quant aux monstres et squelettes, ils avaient cédé la place à des gangsters à crête de punk et des prostituées équipées de fouets. J’étais un peu jeune pour comprendre ce qui se tramait chez ces gens-là, je savais juste qu’il fallait taper dessus, rien d’autre n’importait. Streets of Rage, que ça s’appelait, et au niveau du fun que ça injectait dans mes veines, ça enterrait mille fois Golden Axe. Incroyable mais vrai.
Retour sur expérience
Ce jeu me donnait toujours l’impression (erronée, évidemment) que je pouvais tabasser n’importe qui dans la réalité sans risquer ma peau. Un sentiment encore plus grisant que de manger des Lucky Charms en regardant Cat’s Eyes à la télé. Heureusement, je n’ai jamais essayé avec trop d’insistance. Le panel de coups disponibles (dans le jeu, hein), avait de quoi rendre fou, à l’époque, surtout qu’on pouvait réaliser des attaques en s’aidant du partenaire, la classe ultime. La diversité des objets que l’on pouvait ramasser donnait le tournis aussi. Et la maniabilité faisait mordre la poussière aux concurrents direct. Sans parler de l’aptitude spéciale qui faisait apparaître une bagnole de flics, avec le passager qui sortait par le toit-ouvrant et tirait au bazooka sur tous les ennemis à l’écran. Ce jeu pouvait réconcilier n’importe qui avec la police, du moins jusqu’à une nouvelle interpellation dans la vraie vie, parce qu’on se retrouve à rétamer de pauvres innocents à coups de barre de fer. Streets of Rage m’a toujours donné envie de développer mon propre Beat’em All, et je l’aurais fait si je n’étais pas une aussi grosse feignasse incapable d’écrire trois lignes de code.
Flashback spécial ambiance
Les années 80 ont fait leur temps, place aux années 90, et ça se voit ! Ces rues illuminées de néons multicolores (mais crades), ces criminels fringués comme s’ils allaient à l’aérobic, la techno qui menace d’envahir la planète... Quelqu’un a-t-il envie de remonter le temps avec moi ? Personne ? Bon, OK. Peut-être le pote qui m’a fait découvrir cette légende, tiens. Bref, toute l’action se déroule de nuit, dans des quartiers craignos ou des bâtiments lugubres. Certains ennemis sont limite mutants, hauts de trois mètres et pourvus de griffes comme celles de Freddy Krueger. Qu’importe, il faut tous les envoyer au trou ! À base de grosse mandales et de coups de latte, bien sûr. Les héros que l’on incarne sont à peine majeurs, mais ils ont déjà vécu, et abandonné, une carrière de flic ; tout ça pour aller nettoyer les rues de manière plus... “efficace”. C’est pas un jeu pour les petites natures ! Et mine de rien, à six ou sept ans, cette avalanche de crime me choquait moins qu’aujourd’hui.
Réécoute de la bande-son
Yuzo Koshiro, une légende dans le milieu de la création sonore vidéoludique, a réalisé l’OST. La preuve, fait rarissime, il est même crédité dès l’écran d’accueil du jeu (j’en profite pour caler que son travail de The Revenge of Shinobi est tout aussi mythique). Ce doit être ce qui se fait de mieux sur Mega Drive, et de loin (ceci est un constat ultra subjectif et ultra pas argumenté mais partagé par des MILLIONS de personnes). Un concentré de groove, de house et de techno qui transcende notre adresse à la manette, quand elle ne nous fait pas perdre totalement le contrôle de nous-mêmes. Les titres font partie de ces perles rares, des bijoux 16 bits qui sonnent presque mieux que de vrais morceaux composés avec du vrai matos. Si quelqu’un passe un son de Streets of Rage en soirée, peu importe ce qui aura pu arriver d’autre ce jour-là ; pour moi ça aura valu le coup d’être sorti.
Moment Nostalgie
1991, l’année de sortie de Sonic sur Mega Drive, une sorte de repère universel pour tout ceux qui veulent situer leur place dans la grande timeline vidéoludique… Bon, pour moi tout seul en fait. Mais même si j’ai souvent considéré le hérisson bleu comme mon meilleur copain, Streets of Rage fait vibrer ma fibre nostalgique avec autrement plus de force. Quand j’allais chez le pote qui m’a fait connaître (plutôt en 1993 ou 1994, en vérité), on éclatait du zonar à s’en faire mal aux pouces. Une fois qu’on ne sentait plus nos doigts, on passait des heures à marchander pour s’échanger des cartes Dragon Ball, des goodies ultra à la mode à l’époque. Je me faisais toujours blouser, mais j’arrivais à me convaincre que je faisais des affaires quand même. De gentils tabasseurs de loubards dans l’hémisphère gauche du cerveau et des Super Saiyens dans le droit, l’insouciance extatique à l’état pur.
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