Date de sortie : 1995 (PC)
Type de jeu
“Simulation” de guerre menée par des vers de terre idiots et intrépides. Surtout idiots.
Premier contact
Je vais avoir du mal à l’admettre, mais c’est mon beau-père qui a eu l’idée d’acheter ce jeu, après qu'on a essayé la démo fournie dans un magazine d’informatique. Il ne pouvait pas avoir que des défauts tout le temps, quand même ! Il me semble que c’est le second titre sur ordi que j’ai possédé de ma vie, et il a réussi à me faire décrocher de Warcraft II… parfois. Warcraft II, j’y jouais en prenant des airs sérieux et pas commodes. Dans le cas de Worms, j'avais plutôt dans l’idée de me donner du temps de cerveau disponible. Et je m'en suis donné un paquet !
Retour sur expérience
Quand je ne passais pas mon temps enfermé dans ma chambre à cultiver mon jardin secret, et que j’avais un peu envie de voir du monde, Worms révéla son immense potentiel de brise-glace social. Aussi bien avec les potes, ma sœur ou tout le monde à la fois, chaque partie se voyait ponctuée d’éclats de rire sincères. Un nouveau genre était né : jouissif, bordélique et génial. Attention toutefois à ne pas trop éclater vos amis les plus susceptibles, vous risqueriez de les perdre pour toujours. Cela dit, je jouais aussi tout seul, à perfectionner ma précision au bazooka ou mon adresse à la corde ninja. À mon meilleur, je parvenais à rivaliser quelques minutes contre l'ordinateur en diffuclté max ; ce mode infernal où il ne manque aucun coup. AUCUN ! Quand les suites, remakes et liftings sont sortis, j’ai développé une sorte de fierté à avoir connu le tout premier opus, pas si célèbre que ça, au final. Ça m'a rendu super prétentieux et méprisant pendant un bon moment. On fait comme on peut avec ce qu’on a.
Flashback spécial ambiance
Les graphismes étaient rudimentaires, pour ne pas dire très moches, notamment concernant les vers eux-mêmes, composés d'à peine vingt pixels. Les options paraissent très fades et limitées aussi, par rapport à l’arsenal interminable dont disposent les titres les plus récents. Pourtant, c’était largement mieux (je le pensais déjà à l’époque, avant que je ne devienne un vieux con, alors imaginez aujourd’hui). L’action était immédiate et sans prise de tête, pas besoin de réfléchir trois heures si on lance une statue d'âne ou un mouton volant sur son adversaire, pour un résultat souvent équivalent. Mais surtout, on y trouvait ce mélange parfait d’humour et d’angoisse qui a disparu par la suite (surtout l’angoisse en fait, au profit d’une ambiance plus légère et… mièvre j’ai envie de dire). Tout le monde se souvient de Worms 2 ou de Worms Armageddon mais pas du tout premier. Preuve que les développeurs ont eu raison de bifurquer vers une ambiance plus cartoon et grotesque, en tout cas pour leur portefeuille. Moi je n’aime pas, je préfère le cocktail bizarre des débuts, où on s’amusait aussi bien sur un monde désertique que dans une forêt, une casse de voitures, en enfer ou une planète extraterrestre. Le tout sans se ridiculiser. La bonne époque des joggings bariolés, de la dance music et des bandeaux jaune fluo dans les chev… nan rien, j’ai rien dit.
Réécoute de la bande-son
À première vue, la musique parfaite pour accompagner l'ambiance loufoque de Worms devrait s'apparenter à une fanfare de fête foraine battant son plein, mâtinée de marches guerrières (rapport aux flingues et aux missiles, eh) et saupoudrée de terreau universel (rapport aux vers de terre, ha). Surprise, elle ne ressemble en rien à cela ! Et c'est pour cette raison précise qu'elle porte à elle seule ce jeu au panthéon des légendes indétrônables. La longueur des morceaux dépasse allègrement celle des standards vidéoludiques habituels. Mais plus étonnant encore, ils parviennent presque à se faire oublier, tout en se révélant indispensables à l’immersion complète. Quelques notes distillées avec parcimonie, sons d’avions distants, communications en morse qui se perdent dans le vent, des nappes de cordes discrètes et lancinantes... On pourrait croire hors-sujet complet dans un jeu où on est censés se bidonner toutes les trente secondes. Mais non, le mélange des genres atteint une sorte d'état de grâce inimitable, qui permet en grande partie de rester dans l'humour classe, sans tomber dans le cartoonesque limite débile des suites. Conclusion : la saga Worms et Dieudonné, même destin.
Moment Nostalgie
Un jour, j’ai appris qu’un ordi devait se manipuler avec un peu plus de précaution qu'une auto-tamponneuse. J'invite un bon pote à la maison et je lui montre mon nouveau jeu préféré. On lance quelques batailles de lombrics, on s'amuse, on se met à gesticuler dès que l’autre nous envoie une grenade à la tronche, et voilà que le drame se produit : l’un d’entre nous, je ne sais même plus qui, donne un coup de coude dans la tour du PC, qui rend l'âme direct. Forcément, quand beau-papa rentre du boulot et souhaite admirer sa liste de cliparts dans Microsoft Publisher, il n'approuve pas trop. Bam ! Interdiction de faire revenir mon copain à la maison pendant plusieurs années ! Moi, privé d’argent de poche pendant trois mois ! Et une rancœur éternelle de la part du mari de maman, bien sûr. Le fait que ce soit le bazar complet sur son bureau et que l’ordi aurait dû être rangé ailleurs que sur une pile de magazines douteux, tout ça n’entre pas en ligne de compte, bien entendu !
Commentaires
Enregistrer un commentaire