Date de sortie : 1992 (Megadrive)
Type de jeu
Quête épique sans queue ni tête, vue à peu près du dessus et codée avec les pieds.
Premier contact
Je me souviens bien. C’était avec ma mère dans le super méga grand Auchan du Havre (celui qui vend le plus de Pastis en France), un soir de semaine. Peut-être a-t-elle eu pitié de me voir si désespéré dans ce magasin rempli de bouffe et de machines à laver, toujours est-il que j’ai eu le droit d’acheter le jeu vidéo de mon choix, à la condition qu’il ne soit pas trop cher. Après avoir fouiné quelques minutes, j’ai pris la boîte avec l’image d’un guerrier qui s’apprête à combattre un dragon. Design éculé mais ultra efficace sur un gamin de mon âge qui vivait plus dans sa tête que dans le monde réel. Le résultat affiché sur la télé n’avait rien à voir avec le joli dessin sur lequel j’ai flashé, c’était même super moche ; raison pour laquelle aucun de mes potes n’a souhaité m’accompagner dans cette aventure. Je ne peux pas leur en vouloir. Pourtant, jusqu’à mes quinze ou seize ans, je suis resté scotché à cet étrange objet vidéoludique comme un papillon de nuit à un vieux lampadaire de village en Ardèche (sans manquer de respect aux Ardéchois).
Retour sur expérience
Sans hésiter, c’est la découverte de l’aspect “jeu de rôle” qui m’a foutu dedans, comme dirait l’autre. La progression des personnages, le gain de niveau, l’achat de meilleur équipement, l’apprentissage de nouveaux sortilèges... Une cassure s’est faite à ce moment-là dans mon petit cœur d’enfant geek. Désormais, j’ai classé les jeux en deux catégories : les titres dépourvus de système évolutif (qui ne méritent que peu d’attention de ma part) et les autres (qui ont droit à tout mon amour et à mon temps libre). Les mécaniques sont à moitié pétées, il y a des dizaines de manières de finir le jeu en exploitant des failles dans le gameplay, les trois-quarts des pouvoirs magiques ne servent à rien mais ça reste l’éclate !
Flashback spécial ambiance
On ne va pas se mentir, ce jeu n’a pas grand chose pour plaire. Graphismes médiocres, potentiel gâché et contenu frustrant. Je suis encore aujourd’hui incapable d’expliquer pourquoi j'ai adoré, en développant une sorte de syndrôme de Stockholm, sans doute. Une énergie surnaturelle m’a pourtant poussé à en décortiquer chaque pixel pour essayer d'en découvrir tous les secrets, comme si ma survie dans le monde réel en dépendait. Le mélange de clichés RPG à l’ancienne et de délires abracadabrantesques, comme la téléportation d’un château entier dans une dimension inconnue, a donné à ce titre une identité unique, un peu par miracle. Les combats en extérieur se déroulent au tour par tour, en vue de dessus, avec des ennemis qu'on canarde à distance sans enjeu. Ben oui, ils sont trop bêtes pour contourner un buisson derrière lequel quatre abrutis armés de lance-pierres sont cachés. Le reste se passe dans des grottes en temps réel, à la première personne et là, c'est vraiment flippant et parfois très compliqué de s’en sortir ! Ça n’a pas beaucoup de sens et c’est ce qui fait tout son charme. Enfin je crois.
Réécoute de la bande-son
L’OST a été composé par le mythique Frank Klepacki, qui n'avait alors que dix-huit ans si j’en crois sa page Wiki. Même si elle est souvent grinçante et étrange, la musique annonce déjà le potentiel immense du monsieur. À l’image du reste, je suis tombé aussitôt amoureux de chacun des morceaux, sans jugement. Même si certains ont toujours une place près de mon cœur aujourd’hui, je trouve que le gosse que j’étais avait un seuil de tolérance quand même sacrément élevé.
Moment Nostalgie
Je me revois gamin seul dans ma chambre, les soirs d'hiver, à faire longer des kilomètres de murs à mes personnages pour espérer découvrir une grotte cachée. L’exact inverse d’une expérience distrayante, à première vue. J'ai fait venir ma mère des dizaines de fois pour me traduire les messages en anglais de PNJ totalement inutiles, convaincu que je pouvais influer sur le déroulement de la partie si je résolvais des énigmes qui n'existaient que dans ma tête (exemple d’anecdote : un habitant du château a perdu son chat. Je me suis dit qu’en le retrouvant, le gars me donnerait un objet me permettant d’ouvrir un passage dans une caverne qui s’ouvrirait sur un monde encore plus grand… j’en passe et des plus embarrassantes). En gros, je perdais mon temps à essayer de voir au-delà du jeu plutôt que d’y jouer. Aussi surprenant que ça paraisse, j’en ai tiré une satisfaction incroyable un paquet de fois.
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