Été 1996
C’est les vacances !
Mon père est venu me chercher chez ma mère au Havre. Après avoir mangé au Mc Do à côté de la gare, on part pour un périple de près de cinq heures. Je vais rencontrer sa nouvelle compagne, qui habite à Brest. Mon papa a vraiment l’air très content, il a la pêche et tout. On se passe nos morceaux préférés à fond dans la bagnole. Child in Time de Deep Purple, Communication Breakdown de Led Zeppelin, I Can’t Dance de Genesis ou même Locomotion de Little Eva.
Au bout d’un moment, il m’annonce qu’on va écouter un nouveau truc génial : Nirvana. J’ai déjà vu ce nom quelque part, je crois que ma grande sœur écoute l’album avec le bébé sous l’eau qui attrape un billet. Là c’est un autre CD : une femme ailée, dont le corps est ouvert de partout. Ça me fait un peu peur, mais la musique est trop cool, donc ça va.
Arrive le morceau préféré de papa, qu’il scande vraiment très fort dans la caisse. Embarqué par son enthousiasme, je me mets à faire pareil que lui, surtout que c’est plutôt simple à répéter. “Rape me, rape me, my friend, Rape me, rape me, again.” Sur la fin, on crie comme des malades, tout fiers de nous.
Quelques jours plus tard, la scène se répète mais cette fois, la compagne de mon père est avec nous dans la voiture. Arrive la fameuse chanson et l’air de rien, on se remet à brailler. A côté de papa, son amie tire une tête pas possible, et lève la main pour nous demander de baisser un peu le ton.
-Vous savez ce que vous êtes en train de raconter, au moins ?
-Euh, non, pas trop.
-”Rape me”, ça veut dire “Viole moi”.
-Ah !
Gros malaise, gros silence, on change de CD au plus vite et on finit par tous se marrer. Mais bon, on n’écoutera plus jamais cet album ensemble.
Commentaires
Enregistrer un commentaire