Date de sortie : 1998 (Playstation)
Type de jeu
Meilleur outil d’intégration sociale depuis l’invention de la binouse et des happy hours.
Premier contact
FPS, jeux de baston, jeux de course, même combat ! J’ai rarement adhéré au truc. Une petite partie de Street Fighter ou de Mortal Kombat de temps en temps, voire de Soul Blade, mais jamais plus de dix minutes, sous peine de m’ennuyer à mourir. Ce fut différent avec Tekken 3. Peu importe chez quel pote je passais la journée, TOUT LE MONDE Y JOUAIT ! Il a bien fallu s’y mettre aussi, question de survie. Ne pas être fan de Tekken à cette époque menait à la destruction pure et simple de notre réputation, comme se pointer au collège sans sac à dos Eastpak, ou avec des vieilles pompes aux pieds au lieu des dernières Etnies. Et comme j’ai troqué mes vieux joggings bariolés contre des gros baggies de skateur avec un ertain enthousiasme, je suis vite devenu accro à Tekken sans m’en rendre compte. Mes principes consistant à me rebeller contre tout ce qui était à la mode n’ont jamais duré bien longtemps.
Retour sur expérience
Il faut bien admettre que Tekken 3 ne s’est pas imposé comme la référence ultime des jeux de fight par hasard. Un grand nombre de personnages (dont beaucoup étaient drôles, attachants, ou méga stylés), des graphismes en 3D toute carrée si typiques de la Playstation, et surtout un arsenal impressionnant de coups disponibles ! La plupart de ses concurrents ne proposaient pas autant de techniques et ne réclamaient pas qu’on passe autant de temps à maîtriser les subtilités de nos combattants préférés. Et par subtilités, je veux parler de grosses mandales impossibles à esquiver, qui retirent les trois quarts de la barre de vie adverse, tout le monde aura compris. Bref, on pouvait certes s’amuser à Tekken en martelant tous les boutons de la manette, mais le vrai but ultime, c’était de massacrer l’opposant avec le plus de classe possible, notamment grâce à un enchaînement d’attaques dont il n’avait même pas connaissance. “Si tu ne connaissais pas parfaitement cinq persos à quinze ans et demi, tu pouvais pas être notre pote, désolé.” - Paulemile, circa 1999.
Flashback spécial ambiance
Comme dans beaucoup de titres du même genre, Tekken 3 propose un background pour chacun de ses personnages, ainsi qu’un scénario plus ou moins bâclé pour justifier la présence d’autant de monde dont l’envie de se foutre sur la tronche vire au besoin viscéral. Chacun des protagonistes possède peut-être son ring attitré et son design bien précis, mais au final, le tout ressemble à un gros bordel sans grande identité. Mais nous, on s’en moquait totalement (et on s’en balec toujours aujourd’hui). Je serais bien incapable de mettre le doigt sur ce qui nous rendait autant accro dans l’atmosphère de ce chef-d’œuvre, mais il y avait bien quelque chose d’ultra cool. Peut-être que toute la magie vient de là, finalement : ça rassemblait des gens de tous horizons et de tous milieux, sans que personne ne comprenne trop pourquoi. Si certains de mes copains de l’époque avaient su que je jouais aussi avec d’autres amis, et que par conséquent, ils auraient pu aussi jouer ensemble, ça en aurait fait tomber plus d’un dans les pommes ! Toujours est-il que lors d’une soirée ou d’un événement où l’ambiance peinait à décoller, il suffisait de quelques parties de Tekken pour que tout le monde se détende et se prenne dans les bras.
Réécoute de la bande-son
Bon, maintenant que j’y pense, peut-être que la musique est la clé de tout. Elle illuminait Tekken 3 via une sorte d’électro criarde de et prétentieuse, un sous-genre presque omniprésent à la fin des années 90 (dans les films (Blade), les séries (Alias), les pubs et bien sûr les jeux vidéo (Gran Turismo 1)), et qui a disparu assez vite au début des années 2000. Je ne sais pas si quelqu’un sur Terre regrette ce son typique ; moi pas trop, excepté pour l’aspect nostalgique, forcément. Malgré tout, la grosse ligne de basse saturée de sons grésillants, ça donnait une de ces pêches ! Nous, on écoutait ça, on était convaincus qu’on était les ados les plus géniaux de la planète. Alors oui, à moins de connaître les morceaux par cœur, quasiment impossible de deviner quel personnage lui était associé, tant les sonorités et les rythmiques se ressemblaient (à quelques exceptions près, allez). Mais eh, nous on connaissait par cœur, on était des vrais !
Moment Nostalgie
Vacances scolaires. Je pars quelques jours en Bretagne chez mon père, le CD-ROM de Tekken bien au chaud dans mon sac. Cette fois c’est décidé, je vais dédier tout mon temps libre à progresser de ouf ! Je vais faire fumer le mode entraînement, noter les combinaisons de touches les plus dévastatrices sur un papier et les lire avant de dormir ! Bryan Fury, Ling Xiaoyu, Julia Chang, Lei Wulong, Gon ! Vous n’allez jamais être aussi forts qu’entre mes mains fébriles et bientôt expertes ! Et mes meilleurs potes qui ne font que m’éclater dès que je squatte chez eux, ils vont moins faire les malins ! De retour en Normandie et tout fier de mes nouvelles aptitudes, on se retrouve tous les trois, dans la chambre de l’un des mes fidèles compères, et on allume la console. Le résultat est sans appel : je me suis fait encore plus exploser qu’avant. Les petits saligauds ont charbonné dix fois plus et ont maîtrisé cent fois plus de coups que moi ! Personne n’avait rien dit et avait manigancé dans son coin. Saleté de Yoshimitsu qui te met K.O. en quatre combos ! Je le retiens celui-là !
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