Dungeon Keeper




Date de sortie : 1997 (PC)


Type de jeu

Simulateur de vie réelle, dans lequel tout le monde montre enfin son vrai visage : celui d’un ignoble salaud.





Premier contact

À partir de 1995 / 1996, chaque fois que j’entrais dans la chambre de mon cousin, son PC avait été boosté par rapport à ma visite précédente. Un jour, je suis entré dans la pièce et je l'ai trouvée baignée dans une lueur rouge, projetée par les flammes de l’enfer elles-mêmes. Sur l’écran de son ordi, des créatures maléfiques vaquant à leurs occupations pernicieuses au sein de leur donjon souterrain. J’ai posé quelques questions et en trente secondes, j’étais entièrement conquis par le concept. Je suis alors allé m’acheter le jeu tout seul, dans une boutique du centre ville du Havre, tout fier d’avoir trouvé la nouvelle pépite qui allait occuper mes journées, hanter mes nuits, et faire travailler mon imagination comme aucun autre jeu ne l’avait fait auparavant.





Retour sur expérience

Ah, Peter Molyneux, le designer aux mille idées farfelues… qu’est-ce que c’était cool de jouer à l’un de ses jeux, à l’époque ! Ce brave Peter, l’inventeur du God Game (Populous en tête), ce genre dans lequel nous incarnons une entité suprême et invisible qui exerce une influence plus ou moins forte sur ses sujets. Dans Dungeon Keeper, on bichonne des bestioles démoniaques (trolls, vampires, dragons, mais aussi scarabées géants, araignées et succubes) depuis les profondeurs de la terre, pour se défendre contre les représentants du bien (humains, fées et elfes), mais aussi les emprisonner et les torturer ! Le jeu assume sa subversivité à 200% (même si ça ne va pas bien loin, hein) et surjoue l’aspect “être méchant pour gagner”. On prend un plaisir immense à voir son donjon grandir, à observer les monstres s’entraîner, râler, sauter de joie, tabasser de gentils paladins et manger des poulets… Mais en plus de tout ça, on peut aussi prendre possession de chacune de nos créatures ! Et là, le jeu se change en une sorte de FPS bizarroïde super marrant. D’ailleurs, notre bestiole est beaucoup plus forte si on la dirige nous même qu’en la laissant se débrouiller toute seule.





Flashback spécial ambiance

Dungeon Keeper oblige carrément le joueur à faire parler la part la plus sombre de son être. Heureusement, c’est juste pour rire ! Ha ! En effet, l’humour se retrouve partout, autant dans les messages informatifs qui s’affichent à l’écran, dans la voix-off de notre conseiller immatériel, ou dans les animations de nos sujets. Dès qu’on envoie plus de trois monstres au combat, la mêlée ressemble juste à une grosse baston générale entre rugbymen ultra bourrés ; jouissif mais très bordélique ! En outre, si la gaudriole reste très présente, l’angoisse et la tension prédominent malgré tout. Lorsque l’or vient à manquer, que vos faibles créatures commencent à se révolter contre vous en saccageant leur propre dortoir, ou qu’il vous faut explorer des galeries infestées de magiciens et de preux chevaliers pour espérer vous en sortir, on ne rigole plus du tout. L’oppression liée au huis clos du monde souterrain a dû provoquer des cauchemars chez plus d’un joueur aguerri.





Réécoute de la bande-son

Russell Shaw a composé la musique du jeu. Russell Shaw ? Le gars responsable de l'OST malaisante de Theme Park ? Devrais-je m'inquiéter ? Pas du tout, qu’on se rassure ! D'ailleurs, je n'avais pas accès à ces infos étant gosse, j'ai donc accueilli les compositions de Dungeon Keeper avec des tympans innocents. Les morceaux soulignent-ils donc l’aspect humoristique du jeu, ou au contraire son côté sinistre ? Euh, on peut choisir un autre mot que sinistre ? Pétrifiant, redoutable, affolant ? Les différents titres envoient en effet de petits shots de stress dans les oreilles. Voix lancinantes et déformées, percussions torturées, mélodies de boîtes à musique possédées… Eh ! Mais je pensais qu’on allait s’amuser, moi ! Cela dit, si quelqu’un veut s’engouffrer encore plus dans sa déprime, cette B.O. propose ce qu’il y a de mieux en la matière. Pour équilibrer un peu tout ça, et empêcher les gens de sombrer dans la folie, les unités s’expriment de façon totalement hilarante. Les cris qu’elles poussent en apercevant un ennemi derrière un recoin de tunnel, les exclamations de joie qu’elles lâchent lorsqu’elles gagnent un niveau d’expérience, sans parler de leurs protestations quand notre main divine les attrape… Tous ces bruits adorables, je les ai intégrés à ma session Windows 98, à la place des jingles classiques. L’ordi s’allumait sur un petit grognement de démon et lançait une application sur un hurlement de terreur. Trop marrant hahuhahuha.



Moment Nostalgie

Même si j’ai passé des centaines d’heures devant Dungeon Keeper à tenter de conquérir tous ses donjons tortueux, mon meilleur souvenir reste ce week-end passé chez un super pote, décidés que nous étions à créer notre propre niveau. Des années plus tard, on s’était de nouveaux épris pour ce trésor vidéoludique. J’avais embarqué mon ordi dans ma bagnole pour qu’on puisse se brancher en réseau local dans sa chambre (on n’avait pas internet partout à l’époque). Premier jour : création de la carte, placement des ennemis et des gisements d’or, ajout de quelques petits recoins secrets. Second jour : écriture des conditions spéciales du niveau, correction des bugs, encore correction de bugs, tests des deux premières minutes du niveau pour voir si tout fonctionne. Troisième jour : lancement de la partie ! Euh, pour dix minutes, parce que je dois rentrer chez moi, j'ai cours à la Fac dans une heure, merde.

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